Les enquêtes sociales et l’identification des bénéficiaires dans la mise en place d’une protection sociale au Maroc

Auteurs-es

  • Boris SAMUEL

Résumé

Le gouvernement marocain a engagé depuis le milieu des années 2000 la mise en place de transferts sociaux ciblés destinés à des groupes identifiés comme « pauvres » et « vulnérables ». Ces transferts sont appelés à remplacer le régime de la « compensation », qui a permis d’assurer à l’ensemble des marocains un accès à des produits de base à des prix bas depuis 1941. Le ciblage des transferts, dont l’emploi a été encouragé par la Banque Mondiale depuis le début des années 1980, repose à la fois sur la constitution de registres de population et l’emploi de données socioéconomiques issues d’enquêtes auprès des ménages et de recensements. Alors que le ciblage est appelé à prendre une importance croissante dans le Royaume, les expériences conduites dans ce cadre par le régime d’assistance médicale (RAMED) ont révélé une grande défiance des citoyens vis-à-vis de l’usage par les administrations des catégories statistiques de la pauvreté et des techniques d’identification des bénéficiaires. Cet article propose de montrer ce qu’une sociologie historique des enquêtes peut apporter à la compréhension des rapports État-citoyens, au Maroc et ailleurs en Afrique. Il revient pour cela sur les constats tirés d’une littérature éparse sur les enquêtes en Afrique depuis la période coloniale, argumentant de son apport pour l’étude des nouvelles politiques sociales qui emploient la constitution de registres biométriques, comme dans le cas du Maroc qu’illustre la seconde partie de l’article.

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Publié-e

03-05-2022